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France Inter

Ce matin, Najat Vallaud-Blekacem répondait aux questions du journaliste et des auditeurs...

Et lorsque fut abordée la question de la rentrée fin août... la langue de bois a pris le relais ! Elle est jeune, mais expérimentée !

En résumé : la question la plus importante est de savoir comment réorganiser la scolarité, les vacances etc... quand les nouvelles régions seront mises en place.

Et hop : ni vu ni connu, je ne réponds pas.

La situation est telle que :

• nous finissons en juillet dorénavant : ça devait être pour repousser les dates du brevet... qui sont toujours fin juin.
  

• la 1ère semaine de juillet : nous faisons du gardiennage, corrigeons le brevet, faisons des réunions souvent inutiles...

• nous devrions reprendre donc fin août... sans que notre salaire augmente ?

voilà voilà...

que vous dire ? C'est ma première fois !

Ce ne fut pas sans peine : le logiciel en ligne plantait tellement qu'ils ont dû repousser la date du 1er bilan d'un mois !

Lorsqu'enfin j'y accédai... je fus choquée.

Pour évaluer, en ce 1er bilan annuel, les items et compétences demandés à un stagiaire 18h... j'avais un choix tout relatif entre :

• favorable
• défavorable
• non observé

Dans le socle commun de compétences de nos élèves, nous pouvons prendre en compte leur évolution dans une évaluation formative... ce que nous refusons à nos stagiaires apparemment !!!

Désabusée, j'en ai averti mon stagiaire et en remplissant mon devoir de tuteur, j'ai placé des commentaires expliquant que les items étaient "en cours d'acquisition" !!!

Puis, j'ai envoyé un courriel à l'inspecteur en charge de me vérifier pour mettre en avant ce manque de possibilités.

Est-ce que je suis contre ou pour, depuis la métamorphose du CAPES en MASTER ?

Je suis totalement POUR.

Alors, il n'y a pas de discussion à avoir me direz-vous...

Oh que si ! La raison est mathématique : depuis 2 ans, les recalés peuvent "redoubler".

En conséquence, nous avons deux sortes de stagiaires : ceux qui débutent et sont à 9h, c'est à dire à mi-temps (oui, une semaine compte 18h pour un professeur du second degré, on en reparlera si vous le souhaitez !) ; et ceux qui redoublent et travaillent à plein-temps.

Les postes libérés par nos retraités sont ainsi pris par ces jeunes gens plein d'avenir... ce qui fragilise les équipes pédagogiques ! Ben si : si durant 3 ans, vous n'avez dans une matière que deux enseignants fixes et un ou deux stagiaires... les projets sont souvent entre parenthèses, les titulaires ont obligatoirement les classes à examen...

La conséquence ? Heures supplémentaires ou un remplaçant en plus des stagiaires ! Pour une équipe pédagogique pouvant compter en temps normal 3 ou 4 enseignants en poste... nous n'avons que 2 titulaires confirmés.

Et je ne vous raconte pas les difficultés de la direction pour faire des emplois du temps : les classes n'ont pas à avoir plus d'1 ou 2 professeurs-stagiaires à la fois...

Bon... je rajoute encore une couche : ces stagiaires nécessitent un tuteur, autant que faire ce peut, dans le même établissement. Conséquence : les mêmes enseignants peuvent être tuteurs (volontaires ou désignés, parfois la pression des inspecteurs est forte...) 2 ou 3 ans d'affilée ! Et combien sont-ils rémunérés ? Environ 400 euros l'année...

Pour : être disponible pour le stagiaire, aller dans ses cours régulièrement et l'accueillir également, le conseiller, le suivre voire même le porter, faire un rapport de plusieurs pages objectivement... Le besoin peut être variable d'un stagiaire à l'autre, certes... mais si on veut faire correctement le boulot, peut-on vraiment ne pas s'investir ?!

Bref : le casse-tête !

Une dernière question :

Si... l'état diminue les moyens de l'éducation nationale, donc de chaque établissement...

Si... les conseils régionaux n'investissent plus, dans l'attente de savoir si les changements territoriaux remettent en cause leur engagement dans les établissements...

Si... la société mute encore et toujours et qu'il faut donc que les enseignants s'adaptent, encore et toujours...

Si... les enseignants doivent prendre en charge des enfants victimes des mutations sociales (parents séparés, chômage, démotivation...)...

Si... nos salaires sont toujours et encore gelés mais que les enseignants doivent : rester plus longtemps en juillet, et revenir plus tôt en août...

Je pense qu'on va vers un clash.

Lorsque j'ai commencé à enseigner, j'ai préparé des classes au bac de français, alors que je n'avais pas encore le CAPES... m'enfin : ça prouve bien qu'il n'est pas absolument nécessaire. J'ai trouvé qu'il m'avait donné une légitimité... alors même qu'à mes yeux, je me sentais enfin "une vraie prof"

Pour vous dire : la première fois que j'ai fait passer l'oral du bac de français, j'ai découvert que...

ô stupeur !

J'ai découvert que les consignes spécifiaient d'obtenir une moyenne précise à 0,5 point... en gros, 10/20 quoi... Diantre fichtre foutre !

Alors, j'ai valorisé ceux qui avaient des connaissances, et je n'ai pas cherché de points pour ceux qui ne savaient rien.

Beaucoup de collègues notaient entre 8 et 12 ...

Voici un article qui évoque les rattrapages... et les points donnés.

A vous de voir ! ;)

Chaque année, des élèves posent problème.

1. Quels problèmes ?

• ne travaillent pas
• n'ont pas le matériel
• bavardent
• perturbent
• malgré leurs efforts, ils ont un niveau faible

2. L'attitude de l'éducation nationale :

• un jour, un inspecteur m'a dit : "Vous êtes le professeur de la classe, pas de ces élèves-là : avancez."
• certains collègues : "Les parents sont démissionnaires." et ils ont raison...
• d'autres : "De toute façon, il ne travaille pas !" et c'est vrai... mais si on cherchait à comprendre pourquoi, nous pourrions peut-être les aider
• les faire redoubler : c'est inutile, et trop cher... ils passent au niveau supérieur pour décrocher encore plus et déranger encore plus les cours et s'enfoncer dans la spirale de l'échec !

3. les possibles 

et pourtant, si une orientation était possible, proposée dès la classe de 4ème, avec de l'atelier, des découvertes manuelles... si seulement ça existait autre part que dans des structures privées (MFR, ou certains établissements scolaires avec une orientation trop précises)... Bref : si on les sortait de ce système scolaire qui les broie et les brise au fur et à mesure qu'il les fait avancer... Ils pourraient s'épanouir et trouver un métier qui les intéresse vraiment !

Ou alors, si l'organisation même de la scolarité était modulable un tant soit peu : aménagement d'emploi du temps, projet personnel avec un adulte, réponse adaptée quoi ! Sophrologie, psychologie, ateliers manuels...